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LE COUVENT COMME UN FOURNEAU - Ma vie comme augustin (témoignage du Père Jef Van Houtem osa)

Je suis né en 1946 à Pamel (Roosdaal), au Payottenland, la région vallonnée à l’ouest de Bruxelles. J’ai grandi avec deux frères plus âgés et une mère, veuve à 35 ans. Mon père est mort dans un accident de voiture avant ma naissance. Ma mère avait grand mal à accepter sa mort. En 1954, année mariale, elle est allée en pèlerinage à Lourdes où elle était allée en voyage de noces. Ce premier voyage, après une assez longue période de deuil et de dépression, lui avait fait du bien. Au cours de ce voyage, elle avait fait la connaissance d’un père augustin avec qui elle se sentait à l’aise et a entretenu des rapports continus.

Lorsque je devais choisir une école secondaire, j’apprenais qu’un ancien camarade de classe, habitant dans le voisinage, avait l’intention d’aller au Collège Ste-Rita à Kontich, dirigé par les augustins, je prenais la décision d’y aller moi aussi. Je m’y sentais bien. Il y avait un groupe de professeurs exceptionnels et il y régnait une ambiance familiale. Peu à peu croissait en moi le désir de les rejoindre sans qu’il y ait à indiquer un moment concret où cette idée prenait forme ; je m’accroissais lentement vers ce choix. Je me sentais vraiment heureux sans avoir une idée nette de ce que l’avenir pouvait encore m’apporter.

Être seul et ensemble

       [Photo : Le Père Jef à jeune âge]

À la fin des humanités, un groupe de plusieurs anciens élèves du Collège Ste Rita est entré au noviciat des pères augustins, formant un groupe de sept novices. Après le noviciat à Gand, nous étions transférés à Louvain pour continuer nos études. J’avais de très bons contacts avec la plupart des confrères et le départ d’un certain nombre d’entre eux me touchait profondément. C’étaient des temps troubles (1965-1975) et parmi ceux qui restaient, une certaine tension commençait à se manifester entre ceux qui aspiraient à de profonds changements dans l’Église et ceux pour qui , sauf quelques petites adaptations, rien ne devait changer. J’étais partisan de changements, mais jamais personne ne nous avait appris ni poussé à apprendre l’art de nous expliquer et de défendre nos idées en public. Comme j’évite autant que possible les disputes et les querelles, je n’arrivais pas toujours à dire clairement ce que je voulais et cet art ne figurait sur aucun programme d’études.

Ce qui m’attirait dans la spiritualité augustinienne c’est la relation (ou tension) entre « pouvoir et vouloir être seul » d’une part, et de l’autre « vivre en communauté ». Je ne pourrais vivre sans une communauté. Cheminer avec une communauté de confrères est important pour moi, tout en occupant une place à moi dans cette communauté. La Règle part du principe qu’une communauté est diversifiée, composée de gens d’origine et de statut divers (riches-pauvres ; bien formés ou non). Travailler tranquillement et personnellement est pour moi aussi d’une grande valeur.. Une idée d’Augustin m’est particulièrement chère ; c’est que la communauté est comme un four fort chauffé par où vos désirs et vos aspirations sont purifiés et qu’il faut « supporter » pour arriver au but poursuivi : « trouver Dieu ».

                           [Photo : Ordination sacerdotale le 1er octobre 1972 à l’église Ste-Rita à Kontich par feu l’évêque missionnaire et confrère Mgr van den Elzen osa]            

Être prêtre, c’est être serviable

Avant d’entreprendre mes études philosophique (après le noviciat), on me demandait de suivre les cours de philologie romane (Faculté Philosophie et Lettres) parce qu’on avait besoin d’un professeur de français au Collège Ste-Rita à Kontich. J’ai obéi quoique ce ne fût pas ma véritable préférence personnelle. Mais je m’y suis fait, et puis le collège ne m’était pas inconnu puisque j’y avais passé six ans. En 1972, j’y ai été ordonné prêtre. Mais sur la demande du curé, j’étais aussi actif dans l’église paroissiale et essayais de mettre la liturgie un peu plus à jour. Mais ma tâche première restait l’enseignement.

                    [Photo : Titulaire d’une classe terminale ; le père Jef tout à droite, agenouillé]

L’enseignement n’était vraiment pas ma chose. La plupart des élèves n’avaient qu’un seul but : obtenir un diplôme d’enseignement secondaire, sans le moindre intérêt pour la langue ou la culture françaises. En 1982, j’ai été déplacé à Heverlee (Louvain).Quelques années après, une nouvelle bibliothèque a été bâtie et u nouveau bibliothécaire devenait nécessaire. Je m’en suis chargé avec plaisir, cela me permettant de me plonger dans l’histoire de l’Ordre et de la Province. J’ai d’ailleurs été secrétaire de la Province pendant 13 ans. L’ancien curé de Notre-Dame de la Consolation âgé et malade étant obligé de se retirer, j’ai été engagé dans la pastorale paroissiale comme prêtre adjoint dans une équipe pastorale. Mes capacités personnelles me portaient plutôt vers les funérailles bien que le contact avec la famille du défunt, généralement des inconnus pour moi, m’effrayât toujours et m’obligeât toujours de vaincre une certaine résistance intérieure. Je m’occupais aussi du groupe « Soins des malades », appelé aujourd’hui Samana. Je trouvais très important que les laïcs apprennent à endosser leur propre responsabilité, vu le nombre diminuant des prêtres . Le sacerdoce pour moi est serviabilité à la communauté, entre autres en la préparant à une époque d’autonomie, sans prêtre pour la guider.

    [Photo : Au travail dans la bibliothèque à Heverlee]

Ne jamais abandonner

La mort de ma mère, à un âge avancé, m’a fort impressionné et difficile à surmonter. Ma propre santé commençait à en souffrir et l’âge de retraite approchant, j’ai dû renoncer à mon travail pastoral et à mes occupations de bibliothécaire. Mais l’histoire de l’Ordre des augustins ne me lâchait pas, avec une attention particulière pour l’Ordre en France. Avant la Révolution française, il y avait au moins 2.000 augustins en France et il n’en reste plus rien, sauf quelques bâtiments, églises et des ruines. Mais les autres Provinces et maisons retiennent aussi mon attention, avec une préférence pour ce que l’Ordre a été par le passé. Cela donne un sens à ma vie. Le documentation que j’ai rassemblée au cours des ans, pourra servir à un de nos jeunes en formation. Même si ma situation physique me rend incapable d’entreprendre des travaux de quelque envergure, j’espère de cette manière rester de quelque utilité à ma communauté.

[ Photo : Le père Jef Van Houtem en 2022.]